Abstract

Côte d’Ivoire has travelled full circle from economic success (from 1960 to about 1979) to failure (from the 1980s onwards) in little more than a generation. In the early 1990s, Zouglou, today Côte d’Ivoire’s internationally best-known music, emerged at the university residences of the University of Abidjan in the Yopougon quarter. The young people who were to become the ‘Zouglou generation’ were precisely the generation that bore the brunt of this economic deterioration. Zouglou was born at a time when, as a result of an unprecedented economic crisis and the attendant structural adjustment measures, university students experienced a general downgrading not only as students but also as future graduates hoping to find employment. In addition, the number of students and school pupils who were unable to complete their education grew considerably during this time. As this article demonstrates, these phenomena had a profound influence on the development of the philosophy associated with Zouglou music. Accordingly, Zouglou singers have called themselves the ‘sacrificed generation’. Indeed, the many songs about orphans in Zouglou music can be read as a symbolic statement about this experience: the sense that Ivoirian youth have been abandoned by their elders, their families and the political authorities is unmistakable in the words of Zouglou songs consoling such (metaphorical) orphans. Zouglou music has become an important platform through which this generation has been able to express itself, as well as a site for oral street poetry and collective catharsis. The article discusses the content of these songs, as well as interviews with Zouglou singers on this matter, to investigate how Zouglou, as a cultural phenomenon, grew out of the experience of a generation.

En un peu moins d’une génération, l’économie de la Côte d’Ivoire a connu le succès (de 1960 à 1979 environ) et l’échec (à partir des années 1980). Au début des années 1990, la musique ivoirienne zouglou, aujourd’hui la plus connue sur le plan international, est née dans les résidences universitaires de l’Université d’Abidjan, dans le quartier de Yopougon. Ce qui allait devenir la jeune « génération zouglou » était précisément celle qui avait été la plus durement touchée par ce déclin économique. Le zouglou est né au moment où, sous l’effet d’une crise économique sans précédent et des mesures d’ajustement structurel qui l’ont accompagnée, les étudiants connaissaient une période de dévalorisation générale en tant qu’étudiants, mais aussi en tant que futurs diplômés en recherche d’emploi. Dans le même temps, le nombre d’étudiants et d’élèves n’ayant pas achevé leur éducation augmentait considérablement. Comme le démontre cet article, ces phénomènes ont une influence profonde sur le développement de la philosophie associée avec la musique zouglou. C’est pourquoi les chanteurs de zouglou se sont donné le nom de « génération sacrifiée ». En effet, on peut lire les nombreuses chansons évoquant les orphelins dans la musique zouglou comme une expression symbolique de cette expérience : le sentiment d’abandon des jeunes ivoiriens par leurs anciens, leurs familles et les autorités politiques est indéniablement présent dans les textes des chansons zouglou consolatrices de ces orphelins (métaphoriques). La musique zouglou est devenue une plate-forme importante à travers laquelle cette génération a pu s’exprimer, ainsi qu’un espace de poésie orale de la rue et de catharsis collective. Cet article évoque le contenu de ces chansons et des entretiens menés avec des chanteurs zouglou sur ce thème, pour chercher à comprendre comment le zouglou, en tant que phénomène culturel, est né de l’expérience d’une génération.

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