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Casanova acteur ou les vertiges de l'illusion

[article]

Année 1996 28 pp. 449-454
Fait partie d'un numéro thématique : L'Orient
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CASANOVA ACTEUR

OU LES VERTIGES DE L'ILLUSION

La personnalité de Casanova a souvent été comparée à celle d'un «acteur» La critique explique généralement cet aspect du Vénitien par les contacts qu'il entretenait avec les comédiens et aussi parce que ses parents étant acteurs de profession, Casa¬ nova ne pouvait pas échapper à une vision théâtrale de l'exis¬ tence 2. Mais, à la lecture des Mémoires, on peut se demander quelles sont les limites du Casanova-acteur et quelles conséquen¬ ces son jeu exerce dans son autobiographie ?

Il est surprenant de constater que cet homme qui possède toute la panoplie souhaitée pour réussir sur la scène se laisse facilement prendre par le jeu des actrices. Alors qu'il répète L'Ecossaise de Voltaire, Mme X, à qui il fait la cour, lui adresse, dans le rôle de Lindane, une réplique qu'il prend pour «argent comptant » : «Mais mon sang se glaça lorsqu'à la troisième scène du cin¬ quième acte, Lindane me dit : Quoi ? Vous ! Vous osez, m 'aimer ? Elle prononça ces cinq mots si singulièrement, d'un ton de mépris si marqué, sortant même de l'esprit de son rôle, que tous les spectateurs applaudirent à outrance. Cet applaudissement me piqua, et me mit hors de contenance, car il me parut que le jeu avait empiété sur mon honneur » 3.

Ailleurs, pendant qu'il remplace un acteur malade lors d'une répétition, Casanova croit discerner une authentique déclaration

1. Voir Gérard Lahouati, «Le spectateur immobile. Esthétique littéraire et mise en scène des souvenirs dans Y Histoire de ma vie », Europe (mai 1987), p. 68-79.

2. A ce propos, il vaut la peine de citer Luciana Alocco Bianco : «il [Casanova] sut enfin jouer tous les rôles possibles et imaginables qui vont du prêtre au soldat, du médecin au sorcier. Fils de comédiens de profession, il le fut, sa vie durant, par vocation. La vie était à ses yeux une comédie dont il aimait jouer le rôle principal », «Jacques Casanova ou le jeu de la vie, de l'amour et du hasard», dans Le Jeu au 18e siècle (Aix, Edisud, 1976), p. 239.

3. Jacques Casanova de Seingalt, Histoire de ma vie (Wiesbaden, Brockhaus et Paris, Pion, 1960-1962), t. VI p. 115-116. Toutes mes références renvoient à cette édition.

DIX-HUITIÈME SIÈCLE, n" 28 (1996)

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